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«La grève concerne toutes les femmes»

Jura /

À l'approche de la grève féministe et des femmes du 14 juin, Guite Theurillat, présidente de Syna Jura, revient sur les raisons de son engagement syndical et en faveur de l'égalité entre hommes et femmes. Elle nous présente également les grandes lignes de la grève du 14 juin dans le Jura.

Guite, tu es présidente de Syna Jura depuis maintenant deux ans et membre du comité régional depuis de nombreuses années. Peux-tu nous présenter en quelques mots ton parcours syndical? 

Guite Theurillat: Cela fait 40 ans cette année que j'ai adhéré à la Confédération romande des syndicats chrétiens. Lors de la création du canton du Jura, en 1979, j'ai été engagée comme secrétaire au Bureau de la condition féminine. Il était unique en Suisse. Trois mois après, une pétition contre l'inégalité salariale entre femmes a été lancée. En effet, le chef des RH estimait qu'un salaire d'appoint suffisait pour les femmes mariées!

Qu'est-ce qui motive ton engagement dans la cause syndicale? 

C'est manifestement cette première action syndicale qui m'a sensibilisé à la vitesse grand V à la nécessité d'être syndiquée. Cependant, il faut trouver l'origine de ma fibre sociale dans mon adolescence. À 14 ans, j'ai perdu mon père. À sa mort, ma mère s'est retrouvée sans soutien financier et elle a dû reprendre un travail.
Le syndicat a été pour moi très formateur, que ce soit au niveau de politique syndicale ou de la nécessité de s'unir pour obtenir des droits et de meilleures conditions de travail.

Le 14 juin se tiendra la grève féministe dans toute la Suisse et donc y compris dans le Jura. Peux-tu nous en dire plus? 

La grève des femmes concerne toutes les femmes, que ce soit sur leur lieu de travail, à la maison, ou dans la rue: grève administrative, grève du zèle, grève de la consommation, grève des étudiantes. On rend visible le travail ménager avec des balais ou du linge suspendu. On s'habille de couleur violette!
À 11 heures, toutes les femmes arrêtent le travail et se rassemblent dans leur quartier ou sur leur lieu de travail.
À 15h24: Heure symbolique à laquelle les femmes ne sont plus payées pour un emploi rémunéré à plein temps, on quitte son lieu de travail pour participer à la manifestation qui partira à 16h30 à la gare de Delémont.
Les hommes sont appelés à manifester leur solidarité et à soutenir la grève des femmes, en mettant en œuvre toute action permettant au plus grand nombre de femmes de participer à cette journée d'action.

Que penses-tu de l'évolution de l'égalité entre femmes et hommes? 

Aujourd'hui, sur le papier, l'égalité entre femmes et hommes existe. Mais dans les faits, la réalité est toute autre. Les salaires des femmes sont 20% inférieurs à ceux des hommes, de plus la plupart travaillent à temps partiel. Toutes ces situations cumulées se répercutent tout au long de leur vie professionnelle et finalement à la retraite.

Quel est ton regard sur les jeunes femmes de 2019? Sont-elles également engagées? 

Oui, plusieurs jeunes femmes ont rejoint les rangs du Collectif interjurassien de la grève des femmes. Elles agissent beaucoup par le biais des réseaux sociaux et dans la vie de tous les jours, que ce soit au niveau professionnel ou familial.

Et les hommes dans tout ça, est-ce que tu constates une évolution des mentalités? 

Beaucoup d'hommes prennent conscience des inégalités que subissent les femmes. Ils s'impliquent davantage dans la vie familiale et éducative des enfants. Pas encore suffisamment, à mon avis, dans les tâches ménagères et ils laissent encore trop souvent la charge mentale de la famille à leur compagne. Un congé paternité digne de ce nom contribuerait à une réelle prise de conscience de ces problèmes par les hommes.

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