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«Il reste encore du chemin à parcourir»

Jura /

À l'approche de la grève féministe du 14 juin, rencontre avec deux jeunes militantes engagées dans la commission du personnel d'Addiction Jura. Elodie Bacuzzi et Marion Simon ont une véritable conscience syndicale et apportent un vent de fraîcheur.

Qu'est-ce qui vous motive à vous engager dans les actions prévues le 14 juin? 

Elodie Bacuzzi (EB): Les inégalités dans le monde du travail, mais pas seulement. Il n'y a toujours pas d'égalité salariale malgré le fait que la loi l'exige, et les métiers dits féminins sont trop souvent dévalorisés. Il y a aussi les violences faites aux femmes* dans le monde et toutes les inégalités qui peuvent encore exister.
On entend beaucoup parler des inégalités salariales mais la grève du 14 juin n'est pas que cela, le manifeste contient 19 revendications.

Marion Simon (MS): Ce qui me touche particulièrement, ce sont les inégalités véhiculées par la société dont sont victimes les femmes* au quotidien. Ces remarques, préjugés et stéréotypes qui peuvent paraitre insignifiants lorsqu'ils sont isolés mais qui sont tellement ancrés dans nos mentalités et nos systèmes de valeurs et qui, si on ne se mobilise pas pour les changer ou au moins les mettre en lumière, resteront intériorisés et continueront de conditionner nos jugements.

En 2019, on aurait a priori l'idée que l'égalité entre les hommes et les femmes est atteinte. Est-ce vrai selon vous? 

EB: Malheureusement non, sinon je ne ressentirais pas le besoin de me mobiliser. Certes, les choses ont évolué et la situation est meilleure qu'il y a 20 ans, mais il reste encore du chemin à parcourir pour que l'égalité soit complète.

MS: Je pense également que non. Comme Elodie, j'imagine que le besoin qu'éprouvent de nombreuses femmes à se mobiliser le prouve. Une prise de conscience est en marche à de nombreux niveaux mais il reste du chemin à parcourir.

Pensez-vous que les jeunes femmes sont intéressées par la lutte pour plus d'égalité? 

EB: Difficile à dire. Les jeunes femmes sont peut-être moins intéressées par cette mobilisation car elles ne se sentent pas concernées par ces inégalités. Même si on n'est pas dans une situation qui nécessite une mobilisation, il est possible selon moi de faire la grève le 14 juin au nom des femmes* qui n'ont peut-être pas la possibilité de la faire pour différentes raisons.

MS: J'ai parfois l'impression que la réalité du quotidien est un frein à l'engagement pour de nombreuses jeunes femmes. Je pense toutefois que l'on peut agir dans sa vie de tous les jours, à son propre niveau, en remettant en question nos fonctionnements et nos croyances ainsi que celles de notre entourage.
Pour moi, il est important de garder à l'esprit que ces inégalités sont réelles même si on ne se sent pas toujours directement concerné, simplement par solidarité pour celles qui sont touchées. Si l'on a envie de se sensibiliser, sur Instagram, il existe des comptes qui traitent avec humour des inégalités qui touchent les femmes*: @tasjoui, @jemenbatsleclito, @dans_la_bouche_dune_fille.

Vous êtes toutes les deux membres de la commission du personnel de votre institution, un choix évident?

EB: Dès qu'on me l'a proposé j'ai été intéressée. Je trouve motivant et important de représenter le personnel et de défendre nos droits.

MS: En tous les cas, je n'y ai pas réfléchi longtemps. Il est important pour moi de pouvoir m'investir dans mon travail. De plus, avoir intégré la CP me permet de défendre des valeurs auxquelles je suis attachée comme la justice et l'égalité.

La dernière grève des femmes*, il y a 20 ans, a abouti sur la loi fédérale sur l'égalité. Quel est votre souhait pour 2019?

EB: J'aimerais que cette loi soit enfin appliquée concrètement!

MS: Tout comme Elodie, j'aimerais que cette loi ne doive plus être défendue par des grèves à l'avenir, qu'elle soit intégrée et appliquée par tous.

Et dans 20 ans, estimez-vous qu'une nouvelle grève pour l'égalité sera nécessaire?

EB: J'espère que non mais je suis sûre que si cela s'avère nécessaire, une nouvelle grève aura lieu.

MS: J'espère qu'une telle grève n'aura plus lieu d'être. J'ai confiance, cela prendra le temps qu'il faudra et je ne pense pas que le temps découragera celles et ceux qui croient en cette égalité.

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